CIA, DE HEICHMANN (SS) A BEN LADEN
PETRAEUS À LA TÊTE DE LA CIADavid Petraeus, qui commande actuellement la Force internationale de l'Otan en Afghanistan (ISAF), est nommé à la place de Leon Panetta au poste de directeur de la CIA, selon des informations diffusées par les chaînes américaines ABC et NBC, mais non confirmées par le responsable interrogé par l'AFP. Autre remaniement, le général
Engagé dans le parti nazi dès 1932, Adolf Eichmann à fait carrière chez les SS, obtenant le grade de colonel. Il servira au sein du Bureau des Affaires juives et fut en charge de la logistique de la « solution finale ». Capturé après la guerre, il s’évade miraculeusement des prisons américaines, se cache en Europe avant de s’évaporer en Argentine en 1950, avec un faux passeport allemand au nom de Ricardo Klement. Il sera enlevé par des agents du Mossad, les services secrets israéliens, en 1960, jugé l’année suivant et exécuté en 1962. Des sources du renseignement israélien indiquent clairement que la CIA connaissait la planque de Eichmann en Argentine depuis 1953, mais ils ne leur ont jamais communiqué ces informations. La CIA a en fait couvert un bon nombre de criminel nazi dès la fin de la deuxième guerre mondiale.
Si Eichmann a pu « échapper » des geôles américaines, c’est qu’il collaborait pleinement avec l’agence, tout comme Hans Globke, également attaché au Bureau des Affaires juives, et qui, dès 1946, sera le point central entre le gouvernement de Bonn, la CIA et l’OTAN, avant de devenir le conseiller spécial à la sécurité nationale du chancelier Konrad Adenauer. Après l’arrestation d’Adolf Eichmann, la CIA a refusé de collaborer avec la justice israélienne, car cela aurait mis en péril tout leur réseau d’ex-nazi recruté au sein de l’organisation Ghelen, l’ancêtre des services secrets de l’Allemagne de l’ouest (du nom de Reinhard Gehlen, ancien chef du renseignement nazi sur le front de l’Est), créé directement par la centrale américaine.
Les menaces changent, mais les méthodes restent les mêmes. En 1953, l’opération AJAX aura pour but de destituer le Chah d’Iran et de mettre en place les fondamentalistes islamistes. À partir de cette date, la politique de la CIA au Moyen-orient n’aura pour but que de déstabiliser les régimes laïques et indépendants, au profit d’organisations islamistes.
Depuis que Washington est parvenu à obtenir du Roi Ibn Séoud, le 29 mai 1933, la stratégie » islamo-pétrolière » des USA a été la suivante : « Nous vous laissons régner et appliquer la loi islamique en Arabie Saoudite et vous coopérez économiquement avec nous« .
Afin de comprendre l’islamisme radical moderne, il est nécéssaire de prendre en compte le choc pétrolier des années septante et la hausse du cours du brut provoquée par les pays arabes producteurs de pétrole et par les sociétés pétrolières américaines. Ceci aura pour conséquence l’enrichissement considérable de l’Arabie Saoudite – dont les revenus annuels sont passés, de 4,35 à 36 milliards de dollars entre 1973 et 1978 – qui investira une grande partie de ses bénéfices dans la promotion de l’islam wahhabite. L’introduction de l’islamisme radical saoudien au sein des législations des États musulmans sera la condition sine qua non de l’aide au développement. La quasi-totalité des réseaux islamistes implantés dans le monde musulman seront ainsi financés par l’État saoudien et par le biais des institutions islamiques internationales qu’il contrôle : l’Organisation de la Conférence Islamique, la Ligue islamique mondiale, et surtout les banques saoudiennes, tels Fayçal Islamic Bank, Fayçal Islamic Bank, Dellah el-Baraka, etc.
Dans leurs manuels d’histoire, les élèves des écoles américaines apprennent que les méchants Soviétiques, en 1979, ont envahi l’Afghanistan en faisant preuve d’une force écrasante. Les Etats-Unis se seraient ensuite « portés au secours » de la résistance afghane. En effet, selon la version officielle, la CIA aurait commencé à fournir de l’aide aux moudjahidin en 1980, c’est-à-dire après l’invasion de l’Afghanistan par l’armée soviétique le 24 décembre 1979. En réalité, la CIA avait mis sur pied dès 1977 des réseaux de propagande islamiste destinés à infiltrer les mouvements nationalistes musulmans en Asie centrale afin de les dégager de l’influence soviétique de l’époque. Des exemplaires du Coran et de la littérature interdite par Moscou (qui avait fait détruire 70’000 mosquées par l’armée rouge), sur les héros de guerres anciennes contre les Russes, furent introduits en masse, ainsi que des armes. Ces réseaux furent organisés sous l’autorité du patron du NSC (National Security Council), Zbigniew Brzezinski, qui parvint à convaincre Carter de jouer la carte islamique pour affaiblir l’Union soviétique. La CIA a aidé les moujahidîn, en rébellion contre Najibullah, dès le 3 juillet 1979, soit six mois avant l’invasion soviétique. Ils ont en fait, à travers cette opération clandestine, provoqué l’invasion soviétique. Le soutien américain des moudjahidin en Afghanistan visait clairement de se placer dans un conflit indirect contre les Soviétiques, et de leur faire connaître un « Vietnam » dans le but de réduire au maximum leur influence dans la région.
Entre-temps, en avril 1979, Zulficar Ali Bhutto, Premier ministre élu du Pakistan, était renversé par un coup d’Etat militaire et condamné à mort par le général Zia ul-Haq. Là aussi, les relations entre la CIA et l’ISI (les services secrets militaire pakistanais), s’étaient réchauffées juste avant le coup d’Etat.
L’entraînement et le financement de la guérilla afghane par la CIA a intégré la création de millier de madrasas, permettant ainsi l’essor du mouvement fondamentaliste Taliban.
Anecdote qui démontre à quel point les liens entre fondamentalistes islamistes et CIA étaient étroits : la « porte-parole officielle » du régime taliban à l’ONU n’était autre que Laili Helms, petite-fille de Faïz Mohammed Zikira, dernier ministre des Affaires étrangères du régime Taliban, et surtout épouse de Richard Helms, numéro 2 de la CIA à l’époque.
C’est en 1982 que le prince Turki Ibn-Fayçal issu du clan ultra-puissant des Sudaïri, et chef des services secrets saoudiens, mandate Oussama Ben Laden pour créer la «Légion islamique afghane», milice qui sera ensuite directement soutenue par la CIA l’ISI et Riyad.
Au début des années quatre-vingt, 3’000 volontaires arabes étaient venu pour combattre en Afghanistan. En 1985, ils seront 16’000 auprès de Hekmatyar et Ben Laden. En avril 1982, le premier centre de recrutement pour combattants islamistes, le « El-Kifah Center », à été ouvert sous le patronage de la CIA et avec la bénédiction de William Casey, à Brooklyn, USA. La direction en avait été confiée à l’Egyptien Mustafa Shalabi. Les volontaires recrutés dans ce centre iront ensuite s’entraîner au High Rock Shooting Range de Naugatuck dans le Connecticut. Dix-sept centres semblables au « El-Kifah Center » seront ouverts par la suite aux USA.
Le rôle de Ben Laden et de ses lieutenants était de faire le lien entre les services secrets saoudiens, américains, pakistanais et les combattants. C’est pour cela qu’il a créé Al-Qaeda, qui était la base de donnée qui faisait le pont entre les différents services et qui répertoriait les noms, fonctions et états de services des moudjahidin. Al-Qaeda n’a jamais été ce nom comme définissant un groupe d’action ou d’organisation. Ça n’a jamais été qu’une base de donnée, entre les mains de la CIA, de l’ISI et des services secrets saoudiens. Le nom d’Al-Qaeda est apparu pour la première fois dans un rapport du congrès US en 1998. C’est alors devenu un slogan pour désigner une partie des combattants qui avaient servi contre les Soviétiques en Afghanistan.
Spencer Delane, Mecanopolis
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