Kadhafi était un tyran sanguinaire. Je le croyais puis j’ai changé d’avis.
Il y a plusieurs mois, j'ai été choquée par la manière dont les manifestations ont été réprimées en Libye. J'étais persuadée que Kadhafi écrasait dans le sang les manifestants et qu'il bombardait les civils à Tripoli. J'ai eu la possibilité fin juillet de me rendre sur place pour voir la situation réelle, et pouvoir en témoigner.
Tout ce que disent nos médias n'est que mensonges. Nous étions à Tripoli, nous pouvions circuler librement, pas d'état de siège, pas de chars, pas de milices armées terrorisant la population. A Tripoli, le calme règne en total contradiction avec le chaos annoncé par nos médias, qui décrivent la capitale comme étant au bord de la guerre civile.
Toutes les personnes rencontrées – civils, volontaires, militaires et même opposants – disent la même chose : il y a sûrement des choses à changer en Libye mais c'est aux Libyens de le faire et à personne d'autre, surtout pas à des rebelles sortis d'on ne sait où, et qui pour la plupart viennent de l'étranger. Les sondages au sein de la population indiquent que M. Kadhafi dispose d'au moins 90% de soutien dans la région de Tripoli et d'au moins 70% dans le pays tout entier. Pouvons-nous détruire un pays parce qu'il s'y trouve 30% d'opposition ? Dans ce cas, il faut vite venir en France car là nous sommes plus de 30% à vouloir le départ de Sarkozy ! Qui va nous armer et nous financer ?
L'Otan et la France ont violé les résolutions 1970 et 1973, qui étaient sensées permettre de protéger la population libyenne. De nombreux civils – dont des femmes et des enfants – sont morts à cause des missiles de l'Otan. L'Alliance ne bombarde pas les sites militaires, mais des écoles, des hôtels, des magasins et des maisons, sans aucun état d'âme et justifiant cela en disant qu'il s'agit de « dommages collatéraux ». Combien l'Otan a-t-elle fait de victimes depuis le début des bombardements ?
La France et le Qatar sont responsables de la mort de centaines de civils, voire de milliers. La France et le Qatar arment, financent et protègent les rebelles. Ce sont ces rebelles qui tuent, violent, massacrent, torturent, décapitent. Ils commettent les pires exactions, les pires atrocités sur la population civile ou sur toute personne ne partageant pas leur haine du régime.
De nombreuses vidéos témoignent de leur barbarie. Ce sont ces gens-là que nous soutenons et qui nous sont présentés comme l'opposition démocratique en Libye ! Mais qui sont-ils véritablement ? Beaucoup viennent d'Irak, d'Afghanistan, d'Egypte, du Niger, et d'autres pays d'Afrique. Ce sont les mêmes islamistes que, soi-disant, nous combattons en Irak et en Afghanistan. Donc, un jour nous les combattons, un jour nous les protégeons. Quelles sont leurs revendications ? Rien, si ce n'est piller le pays, mettre le chaos partout où ils passent.
C'est du jamais vu : on a attaqué un pays, tué des centaines de civils, bombardé des centaines d'infrastructures, soutenus des rebelles barbares, tout ça sans aucune commission d'enquête, sans aucune véritable preuve des massacres de Kadhafi, seulement suite à des articles de presse. On a appris que notre nouveau président BHL souhaitait aider la Libye et donc il a fallu bombarder et soutenir le CNT. Pourtant, les Libyens ne reconnaissent en rien le CNT ni les rebelles et, quoi qu'il arrive, ils défendront leur terre et leur liberté jusqu'à la fin. Voilà le témoignage des gens que j'ai rencontrés en Libye. Ils ne comprennent pas pourquoi on les attaque, pourquoi on les tue et pourquoi on détruit leur pays alors qu'ils ne nous ont rien demandé. Les médiamensonges ont une lourde responsabilité concernant la guerre. Non seulement ils ont permis le vote de la résolution de l'ONU et le bombardement du pays, mais ils ont aussi permis, tout au long du conflit, de justifier les atrocités commises au nom de la « démocratie » française.
Les journalistes savent que jamais Kadhafi n'a bombardé la population lors des manifestations (aucune image, aucune preuve), et que les manifestations à Benghazi n'avaient rien de pacifique. Les rebelles étaient armés de bâtons, couteaux, sabres : on peut voir les images et vidéo sur internet. Ils s'en sont pris aux forces de l'ordre et ont semé le chaos dans la ville. Les journalistes savent les atrocités et les exactions qu'ils ont commises. Ils savent que ces rebelles ne reflètent en rien la population Libyenne, mais ils ne disent mot. Au contraire : ils répètent en boucle que les insurgés avancent et que le pouvoir sera bientôt renversé. Pas d'infos concernant la mort de centaines de civils à cause de l'Otan, pas un mot concernant les viols, les actes de torture et les meurtres commis sur des civils par les rebelles.
La population Libyenne souffre dans l'indifférence de tous. A cause du blocus, certains Libyens manquent de médicaments, de nourriture et d'essence. Sous couvert de la résolution 1973, l'Otan et la France commettent des crimes contre l'humanité. L'Otan, en tant qu'organisation, est responsable des dommages matériels et humains de cette guerre. Elle est coupable des conséquences économiques désastreuses pour la population libyenne. En démocratie, c'est la population qui finance, et nous avons laissé faire, sans rien dire. Quant à Sarkozy, il devra répondre de ses actes devant un tribunal pour mensonges, crimes de guerre, crimes contre l'humanité, violation des résolutions 1970 et 1973 (en bombardant de civils, en armant et finançant les rebelles). Non seulement la France a envoyé des troupes pour aider les milices rebelles, mais elle leur a également fourni des armes et de l'argent.
La Libye est bien vivante et elle résiste. Elle dépose des plaintes devant la Cour Pénale Internationale, devant les tribunaux belges (juridiction dont dépend l'OTAN), la Cour de Justice européenne, les juridictions nationales des États agresseurs. Elle entreprend des démarches devant le Conseil des Droits de l'Homme de Genève, le Conseil de Sécurité et l'Assemblée générale des Nations Unies.
Il est temps de se réveiller et de dire stop à cette propagande mensongère qui justifie des crimes et des massacres de population en notre nom ! Les médias et nos politiques nous manipulent et nous mentent sur la situation en Libye.
Imaginez-vous un régime qui compte 30% d'opposants. Un autre pays décide de venir les armer, de les financer et de les aider à mettre le chaos dans tout le pays. Les 70% restant ne sont-ils pas majoritaires ? N'ont-ils aucun droit ? Ou alors nous – Otan, France, Europe – nous défendons le droit de ceux qui peuvent nous apporter quelque chose ?
Ici il est clair que notre soutien aux rebelles vient du fait que la France et les autres pensent récupérer des contrats juteux en Libye, et surtout faire main basse sur les richesses du pays. Un Libyen m'a dit ceci « Maintenant que vos caisses sont vides, vous venez en Libye renflouer vos comptes ! »
Une fois que vous voyez la vérité en face, tout s'éclaire. Les vrais raisons de notre présence en Libye, ce n'est pas la démocratie mais uniquement le pétrole. J'espère que ceux qui liront ceci auront la curiosité d'aller vérifier sur internet et se rendront compte de ce qui se passe en ce moment en Libye. Il faut tout faire pour stopper ce massacre, en arrêtant les bombardements et en arrêtant d'armer les rebelles.
L'Otan, la France surtout Sarkosy et BHL devront répondre de leur crimes devant la justice. A nous de faire que cela arrive un jour et que leurs crimes ne resterent pas impunis.
Désormais même les aveugles peuvent être en mesure de voir et de comprendre ce qui est en train d’arriver en Libye :
1. C’est une guerre promue et déclanchée par l’OTAN qui est en cours. Cette vérité finit par filtrer sur les organes mêmes d’ « information » bourgeoise. Sur La Stampa du 25 août, Lucia Annunziata écrit : c’est une guerre « entièrement "extérieure", c’est-à-dire faite par les forces de l’OTAN » ; c’est « le système occidental, qui a promu la guerre contre Kadhafi ». Une vignette de l’International Herald Tribune du 24 août nous montre des « rebelles » qui exultent, mais ils sont commodément installés sur un avion qui porte l’écusson de l’OTAN.
2. Il s’agit d’une guerre préparée depuis longtemps. Le Sunday Mirror du 20 mars a révélé que déjà « trois semaines » avant la résolution de l’ONU étaient à l’œuvre en Libye des « centaines » de soldats britanniques, encadrés dans un des corps militaires les plus sophistiqués et les plus redoutés du monde (SAS). Des révélations ou admissions analogues peuvent être lues sur l’International Herald Tribune du 31 mars, à propos de la présence de « petits groupes de la Cia » et d’une « ample force occidentale en action dans l’ombre », toujours « avant l’éclatement des hostilités le 19 mars ».
3. Cette guerre n’a rien à voir avec la protection des droits humains. Dans l’article déjà cité, Lucia Annunziata observe avec angoisse : « L’OTAN qui a atteint la victoire n’est pas la même entité qui a lancé la guerre ». Entre temps, l’Occident est gravement affaibli par la crise économique ; réussira-t-il à garder le contrôle d’un continent qui, de plus en plus souvent, perçoit l’appel des « nations non occidentales » et en particulier de la Chine ? Par ailleurs, ce même quotidien qui présente l’article d’Annunziata, La Stampa, ouvre le 26 août sur un titre en pleine page : « Nouvelle Libye, défi Italie-France ». Pour ceux qui n’auraient pas encore compris de quel type de défi il s’agit, l’éditorial de Paolo Paroni (Duel de la dernière affaire) est clair : depuis le début des opérations guerrières, caractérisées par l’activisme frénétique de Sarkozy, « on a immédiatement compris que la guerre contre le Colonel allait se transformer en un conflit d’un autre type : guerre économique, avec un nouvel adversaire, l’Italie évidemment ».
4. Voulue pour des motifs abjects, la guerre est menée de façon criminelle. Je me limite seulement à quelques détails repris dans un quotidien au-dessus de tout soupçon. L’International Herald Tribune du 26 août, dans un article de K. Fahim et R. Gladstone, rapporte : « Dans un campement au centre de Tripoli ont été retrouvés les corps criblés de balles de plus de 30 combattants pro-Kadhafi. Deux au moins étaient ligotés avec des liens en plastique, et ceci laisse penser qu’ils ont subi une exécution. Parmi ces morts, cinq ont été trouvés dans un hôpital de fortune ; l’un était sur une ambulance, étendu sur un brancard et ligoté par une ceinture et portant encore une perfusion intraveineuse dans le bras ».
5. Barbare comme toutes les guerres coloniales, la guerre actuelle contre la Libye démontre comment l’impérialisme se fait de plus en plus barbare. Dans le passé, innombrables ont été les tentatives de la Cia d’assassiner Fidel Castro, mais ces tentatives étaient conduites en secret, avec un sentiment si ce n’est de honte du moins de crainte des possibles réactions de l’opinion publique internationale. Aujourd’hui, par contre, assassiner Kadhafi ou d’autres chefs d’Etat non appréciés à l’Occident est un droit ouvertement proclamé. Le Corriere della Sera du 26 août 2011 titre triomphalement : « Chasse à Kadhafi et à ses fils, maison par maison ». Tandis que j’écris, les Tornado britanniques, se prévalant aussi de la collaboration et des informations fournies par la France, s’emploient à bombarder Syrte et à exterminer l’entière famille de Kadhafi.
6. Non moins barbare que la guerre a été la campagne de désinformation. Sans le moindre sentiment de pudeur, l’OTAN a martelé systématiquement le mensonge selon lequel ses opérations guerrières ne visaient qu’à la protection des civils ! Et la presse, la « libre » presse occidentale ? Elle a, à un moment, publié avec ostentation la « nouvelle » selon laquelle Kadhafi bourrait ses soldats de viagra de façon à ce qu’ils puissent plus facilement commettre des viols de masse. Cette « nouvelle » tombant rapidement dans le ridicule, voici alors une autre « nouvelle » selon laquelle les soldats libyens tirent sur les enfants. Aucune preuve n’est fournie, on ne trouve aucune référence à des dates et des lieux déterminés, aucun renvoi à telle ou telle source : l’important est de criminaliser l’ennemi à anéantir.
7. Mussolini en son temps présenta l’agression fasciste contre l’Ethiopie comme une campagne pour libérer ce pays de la plaie de l’esclavage ; aujourd’hui l’OTAN présente son agression contre la Libye comme une campagne pour la diffusion de la démocratie. En son temps Mussolini n’avait de cesse de tonner contre l’empereur éthiopien Hailé Sélassié comme « Négus des négriers » ; aujourd’hui l’OTAN exprime son mépris pour Kadhafi « le dictateur ». De même que la nature belliciste de l’impérialisme ne change pas, ainsi ses techniques de manipulation révèlent de significatifs éléments de continuité. Pour clarifier qui exerce réellement aujourd’hui la dictature à niveau planétaire, plutôt que de citer Marx ou Lénine, je veux citer Emmanuel Kant. Dans un texte de 1798 (Le conflit des facultés), il écrit : « Qu’est-ce qu'un monarque absolu ? Celui qui, quand il commande : "la guerre doit être", la guerre suit en effet ». En argumentant de la sorte, Kant prenait pour cible, en particulier, l’Angleterre de son époque, sans se laisser tromper par les formes « libérales » de ce pays. C’est une leçon dont nous devons tirer profit : les « monarques absolus » de notre époque, les tyrans et dictateurs planétaires de notre époque siègent à Washington, à Bruxelles et dans les plus importantes capitales occidentales.
Publié vendredi 26 août 2011 sur le blog de l’auteur