Fondamentalement la vie est un jeu.
C'est un Anglais très brillant qui le premier employa son génie sur le sujet, un type du nom de Bill Shakespeare. Et il écrivait pas mal sur le fait que la vie est une scène, un jeu et ainsi de suite. Tout à fait, c'est vrai. En fait, elle n'est rien d'autre, jusqu'à ce qu'elle cesse d'être un jeu parce que tout est trop dur et que ça devient compliqué de jouer, et que personne ne vous laisse jouer. Ou à l'inverse, parce qu'il n'existe là aucun monde où jouer.
Et bien sûr je me rends compte que le
gratin de la science moderne n'est pas d'accord avec ça. En fait, ils ont une bande dessinée à l'Institut de Technologie de Californie, Caltech, là où ils ont réalisé de nombreux développements sur la bombe atomique et autre. Ils ont fait un tas de missiles, mais particulièrement la bombe atomique. Et ils ont là-bas une bande dessinée, accrochée sur le tableau d'affichage et elle dit - eh bien, il y a un professeur, qui se tient debout en face d'un groupe important de scientifiques, et qui tient dans ses mains une fiole minuscule, à peu près grande comme ça. Et il dit : << Messieurs, je suis ici pour vous communiquer l'annonce la plus importante à ce jour dans le monde de la science. Je tiens dans la main un explosif suffisant pour mettre fin à l'univers entier. >>
Le développement scientifique moderne mené trop loin nous laissera finalement sans terrain de jeu.
Avez-vous jamais essayé de jouer au cricket ou au football sans terrain où évoluer ? C'est très difficile - vous ne pouvez pas évoluer. Et là où n'existent plus de fabricants de maillots, vous ne pouvez pas dire contre qui vous jouez. En fait, cela rend presque confus d'essayer de jouer un jeu sans aucun terrain de jeu.
L'autre jour je parlais à un physicien nucléaire, je lui ai mentionné cela et je l'ai plongé dans un retard de communication qui a duré deux semaines et demie.
J'ai dit : << Il est très intéressant de réaliser que le produit final de la physique nucléaire actuelle semble être la destruction du terrain de jeu dans ce jeu appelé la vie. >>
Et ce type m'a regardé, et a hoché la tête ; il est parti fumer une cigarette et s'amuser avec quelque mathématiques et ainsi de suite.
Et je me suis dit : << Eh bien, ces types sont perdus, vous savez, ils sont complétement perdus. Il n'y a personne à l'autre bout de cette ligne de téléphone. >> Il se passa ensuite un certain temps, deux semaines et demie, et il m'appela en disant : << Ron, est-ce que tu te rends compte de ce que tu as dit ? >>
J'ai répondu : << Quand ? >>
<< Quand nous discutions dans mon bureau. >> Il dit : << Tu sais, c'est exact ! >>
C'était la première fois qu'il lui était venu à l'esprit que si vous lâchiez la bombe atomique sur toute la Russie, vous ne pourriez faire autrement que d'éliminer l'atmosphère nécessaire à la perpétuation de la vie sur les autres continents ; que si vous lâchiez la bombe atomique sur toute l'Asie et toute l'Amérique du Nord, il y aurait dans l'air suffisamment de poussière radioactive pour saupoudrer tout le monde à mort, et pas de façon légère. Et s'ils mènent leur recherche bien plus loin, ils obtiendront probablement quelques bombes qui achèvent le travail, vous savez. Une bombe qui explose à Moscou et détruit aussi l'Amérique du Nord - ça c'est économique.
Un jeu dépend du fait de posséder un terrain de jeu. Et il dépend aussi de gens qui soient capables de jouer. Et quand vous avez des gens qui ne sont plus capables de jouer le jeu, ils font ce tour fantastique : ils détruisent le terrain de jeu et créent ainsi l'autre condition.
Une vie remplie de trop dur labeur, de trop peu de liberté, de trop de corvées, de pas assez de sourires, n'est plus un jeu. En fait vou pouvez avoir une vie qui n'est plus un jeu, simplement parce qu'il existe aucune activité du tout. Plus personne n'a la moindre idée de jeu.
Cependant il n'est pas nécessaire d'avoir une guerre. Il n'est
pas nécessaire d'avoir une guerre pour avoir un jeu. C'est une idée allemande. En fait, les Allemands sont acquis à cette idée. Un jour je parlais à un Allemand et lui ai dit : << Pourquoi n'avez-vous pas adopté le croquet ? >>. Vous savez que le type ignorait même ce qu'était ce jeu !
Et il me répondit : << Avec quoi le jouez-vous, l'artillerie ou l'aviation ? >>
Voici donc une condition où l'individu se retrouve dans un endroit où personne ne peut jouer un jeu. C'est plutôt intéressant. Vous pourriez vous trouver en pareille circonstance. Vous pourriez vous retrouver avoir vous-même une vue assez saine de l'existence, et un regard éthique sur les règles - vous savez, interdiction de mordre pendant les corps à corps et tout ce genre de choses. Et l'éthique est là simplement pour permettre au jeu de continuer. Si vous commencez à mordre trop fort pendant les luttes, vous n'avez plus d'adversaire. Ce n'est pas une condition optimale.
Vous pourriez rencontrer une situation où
vous êtes capable de jouer un jeu mais il n'y a personne alentour capable d'en faire autant et il n'existe aucun terrain de jeu sur lequel jouer un jeu. Quand les choses tournent comme c'est le cas en ce mement, laissez-moi vous dire que c'est exactement ce vers quoi nous nous dirigeons.
Il ne serait d'aucun bien pour une personne ou une organisation d'être capable d'avoir un assez bon temps de réaction, une assez bonne capacité à sourire, assez de courage pour aller de l'avant, assez d'appréciation pour pouvoir jouir des choses. En bref, il ne serait d'aucun bien pour cette personne ou pour ce groupe, pour aucun des deux, d'être capable de jouer un jeu s'il n'y a personne d'autre alentour capable d'en faire autant.
Avez-vous jamais été enfant dans un voisinage où il n'y avait aucun autre enfant ? Vous devenez solitaire. Vous pouvez vous rappeler des moments où il n'y avait aucun autre enfant autour.
Eh bien, supposons maintenant que vous avez été audité et supposons maintenant que vous avez amélioré votre temps de réaction - votre temps de réaction est là-haut avec les pilotes de chasse, vous savez, vraiment excellent. Et vous avez une bonne compréhensions de la situation et vous êtes capable d'apprécier les choses, et vous sentez que la vie vaut la peine d'être vécue, et que ça vaut la peine de faire des choses, et ainsi de suite. Et vous êtes le seul à vous sentir ainsi. Vous n'en seriez pas du tout heureux.
Bien sûr, l'autre solution n'est pas bonne non plus : rester simplement avec un temps de réaction bien lent, un labeur quotidien pour le pain quotidien et ne pas prendre trop de plaisir avec les choses. Entre ces deux possibilités, voyez, il n'y a pas le choix. Parce que si chacun d'entre nous, individu ou groupe, reste simplement à un niveau où il n'est pas vraiment en train de jouer un jeu, si nous n'entrons pas dans ce jeu vaste et étendu appelé la vie, alors la combinaison des circonstances existant aujourd'hui dans la société humaine est calculée à dessein pour qu'il n'y ait personne capable de jouer un jeu, en premier lieu à cause de la contrainte et des soucis économiques, et en second lieu scientifiquement, pour qu'il n'y ait pas de terrain de jeu. Et si nous ne nous occupions pas de ce problème, et si nous restions tous profondément inchangés et autant capables que nous le sommes mais pas plus que ça, le cycle serait précisément celui-ci : plus de terrain de jeu, pas de jeu.
LRH/BSU