SIMON BOLIVAR (1783-1830)
MANUELA SAENZ
Comment un leader peut-il perdre son pouvoir et succomber?
Comment un leader peut-il perdre son pouvoir et succomber?
Quelles erreurs peut-il commettre au point de l'anéantir?
Voici quelques commentaires sur le pouvoir, sur le fait d'être ou de travailler prés du pouvoir ou sous celui-ci, c'est-à-dire d'un leader ou quelqu'un exerçant une influence vaste et primordiale sur les affaires des hommes
Manuela Sainz fut la libératrice et sa compagne
Simon Bolivar était un personnage trés puissant. Le meilleur chef militaire de tous les temps. C'était l'un des hommes les plus riches d'Amérique du Sud. Il possédait des capacités personnelles qui ne sont données qu'à quelques hommes sur cette planète. Pourtant il échoua et
mourut en exil sans un sou.
Manuela Sainz était une femme brillante, belle et capable. Elle était loyale et dévouée, trés comparable à Bolivar, bien au-dessus de l'humanoide moyen. Alors pourquoi a t-elle vécu exclue et calomniée?
Ces deux personnages remarquables ont inévitablement commis des erreurs, ce qui les ont précipité dans le fossé.
Sur le plan personnel, Bolivar manquait totalement de perspicacité. Il ne pouvait voir que les apparences, et même dans ce cas, il n'observait ni n'écoutait. Il arrangeait les choses par son charisme. Ce qui est pitoyable, c'est que le fait qu'il en fût capable causa sa perte... jusqu'à ce qu'il n'en fût plus capable.
Sa perte vint de l'usage abusif d'un talent, simplement parce que c'était facile! Il y était trop bon. C'est pourquoi il n'eut jamais recours à d'autre talent et il ne songea même pas un seul instant qu'il puisse exister d'autre façon de faire.
Bolivar n'avait aucune compétence financière personnelle. Il commença fortuné et finit dans la misère, sa statistique passant de celle de l'un des hommes les plus riches de l'Amérique du Sud, si ce n'est le plus riche, à celle d'un homme en exil, enterré dans une chemise de nuit d'emprunt. Et cela, alors que les terres des royalistes étaient à portée de main; les plus grands domaines et les plus grandes richesses minières d'Amérique du Sud étaient à portée de main, incroyable! Mais vrai. Il ne demanda jamais le remboursement de l'argent qu'il avait prêté aux gouvernements, même lorsqu'il fut à leur tête.
Aussi, il n'est pas étonnant que nous trouvions deux autres graves erreurs menant à sa chute: il ne récompensa pas ses troupes ni ses officiers et n'essaya pas de rendre solvable les Etats dont il avait pris le contrôle.
Il ne sut jamais reconnaître une personne mal intentionnée et ne considéra jamais qu'il fût nécessaire de tuer quelqu'un, sinon sur un champ de bataille. Là, c'était glorieux. Pourtant quelqu'un s'employa à détruire son nom et son âme, ainsi que la sécurité de tous ses partisans et amis : la personne mal intentionnée (le psychotique) Santander, son vice président, que n'importe quel peloton de caporaux aurait pu arrêter et exécuter sur le centième des preuves existantes, Santander qui réussit à détourner l'ensemble des finances publiques et à retourner la population contre Bolivar sans que celui-ci, constamment mis en garde, preuve à l'appui, ne lui adressât jamais la moindre réprimande. Et ceci provoqua sa perte de popularité et finalement son exil.
Il omit également, de la même façon, de protéger son état-major et Manuela Sainz contre ses autres ennemis. Il affaiblit donc ses amis et ignora ses ennemis, par simple négligence.
Bolivar accordait une grande importance aux honneurs. Etre aimé était sa vie. Et sans doute était-ce plus important pour lui que de veiller à ce que les choses marchent vraiment bien.Il ne transigeait jamais avec ses principes, mais il vivait d'admiration, un régime plutôt malsain puisqu'il exige alors une << mise en scène >> permanente. On est ce que l'on est, et non pas ce pour quoi on est admiré ou hai. Celui qui se juge d'après ses victoires ne fait que constater que ses postulats ont marché et cela développe la confiance en ses aptitudes. Mais celui qui a besoin qu'on lui dise que cela à marché ne fait que critiquer sa propre vue et tend à ses ennemis l'arme avec laquelle ils pourront à volonté porter atteinte à son orgueil. Les louanges sont agréables. C'est merveilleux d'être remercié et admiré. Mais ne travailler que pour cela ?
Et sa soif, sa dépendance de la drogue la plus capricieuse de l'histoire -- la gloire -- causèrent la mort de Bolivar. Cette arme que l'on offre soi-même. Il faisait continuellement savoir au monde entier comment le tuer:lui faire perdre l'estime des autres. Et comme l'argent et les terres permettent d'acheter un nombre infini de cabales, il pouvait être abattu en gâtant cette estime, la chose la plus facile que vous puissiez faire faire à une foule.
Manuela Saenz
C'était une femme intelligente, splendide, d'une fidélité et d'une compétence extraordinaires, dotée d'une intuition prodigieuse, susceptible de donner complète satisfaction et de rendre des services énormes.Mais seule sa capacité à donner satisfaction fut utilisés, et encore, pas tout le temps, ni même honnêtement.
Tout d'abord, Bolivar ne l'épousa jamais. Il n'épousa jamais personne. Cela ouvrait une brèche énorme dans toute défense qu'elle pouvait jamais ériger contre les ennemis, lesquels étaient légion. Sa première erreur fut donc de ne pas se débrouiller, d'une façon ou d'une autre, pour se faire épouser.
SANTANDER
Son erreur la plus fatale fut de ne pas éliminer Santander, le plus grand ennemi de Bolivar. Cela lui coûta tout ce qu'elle possédait, avant la fin et après la mort de Bolivar. Elle savait depuis des années qu'il fallait tuer Santander. Elle le disait ou l'écrivait presque tous les jours.
Elle ne fut pas suffisamment impitoyable et prévoyante pour compenser l`indulgence et le manque de prévoyance de Bolivar.
Les voies qui s'offraient à elle en matière d'argent et d'action étaient totalement ouvertes. Une avenue s'étendait à l'infini.
Elle se battit avec courage, mais ne passa pas à l'action.
Elle avait même un grade de colonel, mais ne s'en servait pas.
Elle fut actrice seulement pour la scène.
Elle en mourut. Et pour la même raison, elle laissa Bolivar en mourir.
LRH