Marcel Kuntz (biologiste, directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de Physiologie Cellulaire Végétale et enseignant à l’Université Joseph Fourier, Grenoble. Egalement membre du comité de parrainage scientifique de l’AFIS)
écrit : « bien sûr, les scientifiques peuvent se tromper (et même être malhonnêtes), ce que les post-modernistes (et les écologistes politiques) mettent en avant, en s’appuyant sur des exemples interchangeables de « scandales » réels ou supposés, qu’il est inutile de citer ici tant ils sont rabâchés, et qui, souvent d’ailleurs, n’ont aucun lien avec la méthode scientifique. Car c’est bien de la méthode scientifique qu’il s’agit, et c’est elle qu’il convient de défendre et non le comportement individuel de scientifiques. »
Le GIEC ne fait aucune "recommandation", ce que son mandat exclut. Ce terme ou son équivalent n'est apparu qu'une fois dans ses textes, le rapport initial de 1990. Depuis, il est clair et connu de tous les observateurs que le mandat du GIEC est de diagnostiquer l'état de la science du climat (il le fait très bien), de diagnostiquer l'effet possible du changement climatique sur l'environnement et les sociétés humaines en fonction de différentes ampleurs possibles du dit changement (il le fait... pas trop mal), et d'examiner deux questions : existe-t-il des politiques économiques et des moyens technologiques d'agir sur les émissions tout en ayant un développement économique et social, en particulier dans les pays en voie de développement et d'autre part comment s'adapter aux changements inéluctables.
Si des personnes à la formation scientifique sérieuse et que l'on ne peut accuser de fanatisme idéologique se mettent à réfléchir à la question du climat, dans une démarche scientifique, c'est à dire en l'occurrence par des raisonnements basés sur des données et des faits accessible au public, c'est tout simplement l'expression d'un problème de crédibilité
Ajoutons, écrit Hubert Védrines, la méfiance nouvelle envers la science et le progrès.
Pour ma part connaissant mal le sujet pour me faire une opinion sur le fond, je pense que ce n'est toujours pas une mauvaise idée que de tenter de rejeter moins de carbone dans l'atmosphère car si le courant majoritaire avait raison, les conséquences sur la planète seraient importantes.
Pour le GIEC : le réchauffement est «sans équivoque » et « sans précédent »
Le premier volume du 5e rapport du GIEC (Groupe des Nations Unies d'experts internationaux sur l'évolution du climat) confirme la réalité du réchauffement climatique et met en garde contre l’inaction qui pourrait coûter cher à l’humanité.
« Les données sont claires : pour nous, le réchauffement est sans équivoque et sans précédent depuis des décennies et des millénaires », a affirmé Jean Jouzel, climatologue expert du GIEC. Ce réchauffement climatique ne se limite pas à la hausse des températures qui pourrait atteindre 5,5°C dans le scénario le plus extrême en 2100 : « tous les indicateurs du réchauffement sont au rouge », précise-t-il.
En effet : le cycle global de l’eau est modifié, les neiges et glaces fondent de plus en plus vite, le niveau moyen des océans augmente, l’acidification des océans augmente, certains phénomènes climatiques extrêmes se multiplient et les températures du pergélisol augmentent, entraînant une diminution de son épaisseur dans certaines régions. Selon le premier volume du cinquième rapport du GIEC, les trois dernières décennies ont été de plus en plus chaudes et la décennie 2001-2010 a été la plus chaude depuis 1850. Dans le scénario d’émissions le plus pessimiste, il n’est pas exclu que la banquise arctique disparaisse totalement en été à partir de 2050.
Selon le rapport, le taux d'élévation du niveau de la mer depuis le milieu du 19e siècle a été plus important que le taux moyen observé au cours des deux millénaires précédents. Entre 1901 et 2010, le niveau moyen de la mer a augmenté de 19 cm. D’ici 2100, il devrait encore augmenter entre 26 cm et 82 cm, avec des inégalités spatiales, en fonction des scénarios d’émissions. Dans le pire des cas, il pourrait même atteindre 98 cm.
Le tableau peut paraître assez noir, mais la science ne ment pas. Les projections du changement climatique sont basées sur une nouvelle série de quatre scénarios de concentrations futures de gaz à effet de serre, d’aérosols, couvrant un large éventail de futurs possibles. Le Groupe de travail I a évalué le changement climatique à l’échelle mondiale et à l'échelle régionale pour le début, le milieu et la fin du 21e siècle.
Où en sont les émissions ?
Selon Matthieu Combe, journaliste scientifique, les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et d'oxyde nitreux (N2O) ont toutes augmentées depuis 1750 en raison de l'activité humaine. Elles ont atteint des niveaux sans précédent depuis au moins 800 000 ans. La vitesse d’augmentation de ces concentrations atmosphériques au cours du siècle dernier n’a pas de précédent depuis 22 000 ans.
En 2011, les concentrations de ces gaz à effet de serre étaient respectivement de 391 ppm, 1803 ppb et 324 ppb, dépassant les niveaux préindustriels d'environ 40 %, 150 % et 20 %. L'océan a absorbé environ 30 % du dioxyde de carbone anthropogénique émis, provoquant l'acidification des océans à un niveau probablement au plus fort depuis des millions d’années…En mai 2013, rappelons que le seuil symbolique des 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère était franchi pour la première fois à la station de mesure de Mauna Loa (Hawaï), qui représente une bonne approximation de la concentration moyenne en CO2 dans l’hémisphère Nord.
Malgré les alertes des scientifiques du Giec, le réchauffement climatique ne suscite pas de réactions politiques à la hauteur des dangers.
Trois raisons à cela : l'aveuglement court-termiste des responsables politiques, la persistance des inégalités et la croissance comme condition de survie dans un monde dominé par la concurrence.
Certes, l'Europe, notamment, s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Certes, de nombreux pays développent les énergies renouvelables et des milliers de collectivités locales agissent pour réduire leur empreinte écologique. Mais ces initiatives ne sont pas à la hauteur de l'enjeu ; la quantité de gaz à effet de serre émise au niveau mondial continue de croître. Résultat, on va dans le mur et de plus en plus vite.
On peut donner trois raisons à cette inconscience.
La première tient au fait qu'à chaque rapport du Giec, on pousse quelques cris puis nous revenons à nos problèmes quotidiens, le chômage, le pouvoir d'achat, la reprise. En fait, les catastrophes annoncées, et même certaines, s'inscrivent dans un temps long et supposent de prendre des décisions fortes, dont les coûts sont généralement immédiats et les effets bénéfiques, lointains. Or, le temps de la politique est un temps court. Les prochaines élections, c'est demain. Il faut donc trouver des modes d'action qui répondent aux exigences du temps long comme à celles du temps court. C'est le cas, par exemple, des programmes ( Grenelle de l’Environnement de Jean-Louis Borloo) de rénovation thermique du bâtiment qui créent des emplois tout en réduisant la facture énergétique des ménages et du pays.
« Sauvons Le Climat » confirme par ailleurs que l’on a de nombreuses preuves croissantes de l’action de l’homme sur le climat. S’il est inéluctable que le réchauffement se poursuive, impactant le climat pour des siècles, l’amplitude de ce réchauffement et ses impacts dépendront fortement de la quantité de dioxyde de carbone émis par l’homme.
Rappelons que l'Allemagne émet 50% de plus de CO2 par habitant que le France. La principale raison en est que la France a, par le passé, pratiquement éliminé les énergies fossiles dans sa production d'électricité.
En Allemagne en particulier, "vingt milliards d’euros sont payés par les consommateurs pour les énergies renouvelables chaque année. Actuellement, cela fait 250 € par foyer et par année et va augmenter à 300 €. Pire encore, c’est une gigantesque redistribution du bas vers la haut, des pauvres qui ne peuvent pas se payer un système solaire vers les riches qui sont propriétaires de bâtiments dotés de grands toits »."
Sylvestre Huet, journaliste, suggère qu’une lecture des attendus de la Convention climat s'impose... vous y verrez qu'il est explicitement écrit que les actions pour maîtriser les risques du changement climatique doivent obéir à au moins deux principes: la souveraineté des Etats, et le développement économique et social au service de la lutte contre la pauvreté.
Il est donc essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France d’une façon économiquement et techniquement réaliste sans conséquences fâcheuses pour nos niveaux de vie. Soutenons qu’une politique volontariste soit conduite pour réduire fortement l'utilisation des énergies fossiles dans les autres domaines : habitat/tertiaire, industrie et mobilité.
Françoise DUTHEIL