Columbia Pictures Corporation présente : Terry and the Pirates
Ah oui qu'en est-il du romantisme ?
En parcourant à plusieurs reprises la route des Pirates des Caraibes et passionné par la vie de ces hommes du 17e et 18eme siècles, en particulier Henry Morgan ( 1635-1688) ou Edward Teach dit Barbe Noir 1718, pirate anglais.
A cette époque, j'aurais pu être un pirate, vous auriez pu être également un pirate si vous faite partie de la masse radicale qui aime avoir un peu de liberté personnelle, un assez bon repas et qui déteste la punition.
Pirates et FlibustiersLRH
L'historien condamne énergiquement cette saga maritime qui dura deux siécles et l'estampille de noms comme Teach, Morgan, et l'Olonnais.
En fait, si les bateaux modernes étaient moins bien aménagés et si les équipages mangeaient encore de la viande salée, des pois séchés et buvaient de l'eau recouverte d'une écume verte, nous aurions encore des pirates, des flibustiers.
Quand nous pensons à ces pirates hurlant, agitant leurs sabres, ces pillards avec leur pavillon noir, nous oublions de nous souvenir de l'époque -- ces deux siècles d'extorsion impériale, de souverains aveugles et d'esclavage.
Pour comprendre pourquoi un pirate devenait pirate, on doit comprendre les conditions en mer à cette époque.
La discipline - cette déesse - de l'enfer était en vigueur dans les marines militaires et les marines marchandes des dix-septième et dix-huitième siècles au travers de plusieurs mécanismes, notamment le chat à neuf queues.
Pour oublier de saluer un aspirant de marine, un marin pouvait recevoir quinze coups. Vous et moi, avec notre façon de vivre moderne, n'aurions pas survécu après dix coups.
Les Anglais avaient une coutume qui mérite d'être mentionnée. Si un marin frappait un officier - sans considération de provocation - la punition était la << flagellation à travers la flotte >>.
Le marin était amené par bateau de navire en navire et était flagellé sur chaque passerelle. Inutile de dire que personne n'a jamais survécu à l'expérience.
Toute infraction pouvait être punie par la flagellation et très peu de commandants savaient réellement à combien de coups de fouet un homme pouvait survivre - des coups donnés avec chaque parcelle de force musculaire disponible aux moyens de lanières aux extrémités en cuivre qui réduisaient le dos en bouillie.
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Je ne parle pas des exceptionnels. C'était la condition dans chaque marine d'Europe - et il n'y a pas si longtemps c'était la condition au sein de notre propre Constitution. Pouvez-vous visualiser ses ponts rougis du sang des hommes flagellés ?
Des hommes mourraient du scorbut à une allure épouvantable. Et même après que ceux au pouvoir avait appris ce qui causait le scorbut - le manque de vitamine C - rien ne fut fait à ce sujet. Les dents des hommes pourrissaient, ils dépérissaient et finalement - si le capitaine avait du temps - on les enroulait dans de la toile avec quelques boulets et on les jetait par-dessus bord. Habituellement, on les jetait tout simplement.
L'eau était toujours rare, toujours putride. Les condensateurs de vapeur n'allaient exister que dans un futur lointain. Il y avait de l'écume verte dans les tonneaux et sous l'écume mille choses rampantes. Aucun effort n'était fait pour découvrir que le fer transportait l'eau dans de meilleures condition que le bois.
Il y a quelque années je suis allé aux Antilles dans un vaisseau. Nous avions environ soixante hommes à bord d'un bateau de mille tonnes et nous étions affreusement entassés et mal logés.
Un marin ou un membre d'un navire marchand ne recevait que rarement tout le bénéfice de son salaire. Il était englouti par toutes sortes de comptes mesquins et par des prêteurs sur gage à terre -qui étaient approchés en premier lieu parce qu'un marin n'avait pas pu obtenir un sou d'avance sur la paie de sa libération.
Aucune permission à terre pour la marine ou le bateau de marchandises parce que l'équipage entier aurait pu déserter.
Qu'en est-il de ces dix-septième et dix huitième siècles colorés et romantiques ? Qu'en est-il de ces garçons vaillants qui ont tout donné pour leur roi et leur pays ? Reçurent-ils une compensation pour les blessures ? Non. Reçurent-ils des pensions ? Non. Se faisaient-ils souvent tuer ? Je dirais que oui.
Comme les marines de cette époque étaient trop mesquines pour acheter des pansements, les chirurgiens (ex-barbiers) utilisaient des éponges d'un homme à l'autre, une douzaine d'hommes par éponge et une blessure signifiait soit un membre perdu soit une vie perdue, une grosse infection dans le meilleur des cas.
Ces docteurs utilisaient des fers rouges chauffés à blanc pour cautoriser des plaies. Ils coupaient les bras au lieu de réparer les os cassés. Et si des boulets ou des chaînes tirées par des canons, ou des piques, n'avaient pas ôté la vie du marin, alors le chirurgien le faisait.
Ah, oui, qu'en est-il du romantisme ?
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Autrement dit, ils n'avaient aucun choix. Ils étaient forcés contre leur volonté. Ils étaient traités comme du bétail et mouraient comme des fourmis écrasées par un talon. Ils étaient flagellé s'ils ne travaillaient pas ou ne combattaient pas et mouraient ainsi. Et s'ils travaillaient et combattaient, ils mouraient de toute façon.
Mais à travers cette amertume, il existe tout de même quelque chose au sujet de la mer. Quelque chose que la vapeur a perdu à nos yeux. Quelque chose au sujet des voiles, d'une quille bien dessinée et des pays lointains auquel les hommes ne pouvaient résister.
Il y avait le charme des tropiques, de l'embrun marin et d'un empire à conquérir. Mais tout cela n'était pas pour le marin ordinaire. Pour les officiers, oui. Mais un officier provenait habituellement d'une famille noble et un marin ne pouvait pas en devenir un s'il était né devant un foyer au lieu de naître dans un lit à baldaquins. L'histoire nous dit, de manière véridique, que les hommes les plus forts sont ceux qui sont hissés jusqu'à une position élevée.
Mais que les choses soit bien claires. Cela vous plairait-il d'aller faire un tour jusqu'au drugstore du coin pour prendre l'air ou d'aller acheter un paquet de cigarettes et soudainement de vous retrouver confronté à une bande d'hommes armés qui vous saisissent à bras-le-corps et vous portent jusqu'au port où vous seriez jetés dans une cale puante, infestée de vermines avec d'autres malheureux tout aussi ébranlés que vous ? Cela vous plairait-il d'être partis pendant des années, d'être battu comme un esclave, et de revenir avec l'esprit déformé et le corps meurtri pour découvrir que tout ce que vous aviez connu avait été balayé par l'inévitable progrès ?
C'est ce à quoi l'homme du passé devait faire face.
Mais regardons le bon côté de la chose. Un marin dans la marine militaire ou dans la marine marchande n'avait aucune chance. N'était-ce pas naturel pour lui de déserter à la première occasion ? Il était prêt à braver les requins, la nuit dans un port étranger, pour nager loin de son enfer flottant.
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Et ainsi, les pirates étaient nés.
Vous regardiez leurs corps splendides et la manière libre et hautaine avec laquelle ils dressaient leur tête. Et vous avanciez.Oh, oui ! c'est ce que vous faisiez, hors-la-loi ou pas.
Ou peut-être votre vaisseau avait coulé sur un récif et vous n'aviez nulle part où aller sinon sur un autre bateau comme le vôtre.Puis, une nuit, vous entriez dans une auberge et vous aperceviez quelques brutes à la voix de stentor avaler leur cognac à grandes gorgées.Ils vous regardaient, examinaient votre taille et la force de votre bras, puis vous demandaient de vous joindre à eux.
La loi ? Vous ne pensiez pas à la loi, vous pensiez à un estomac plein et à un goût de la vie en mer comme elle devait être vécue. Vous pensiez qu'ici vous auriez une permission à terre, qu'ici vous obtiendriez de bons vêtements, qu'ici vous seriez capable de vous défendre contre des officiers despotiques.
Vous vous joigniez à eux, bien sûr.
A bord de bateau pirate on avait la belle vie, on avait la belle vie. On était en sureffectif et le travail était bien réparti. Lorsque le capitaine devenait trop rude, on le retirait de son poste. On allait à terre toutes les fois qu'on avait besoin d'eau et au diable les horaires ou les trajets prédéfinis. On mangeait bien parce qu'on avait le meilleur de ce qu'il y avait dans les garde-manger des grandes cabines que l'on avait capturés. On pouvait entretenir des relations commerciales avec les autochtones de n'importe quelle île pour avoir de la viande fraîche et des légumes frais.
Et ainsi, les pirates étaient nés.
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