Les déserts sont de plus en plus verdoyants
Les déserts sont-ils en train de verdir ?
(extrait de Futura-Sciences par Delphine Bossy)
Les déserts sont de plus en plus verdoyants. Depuis les années 1980,
dans certaines régions arides, la hausse de la concentration de CO2
(élément essentiel à la photosynthèse) dans l’atmosphère a stimulé la croissance des plantes,
conduisant à une augmentation de 11 % de la couverture végétale.
Le rôle du gaz carbonique dans le réchauffement climatique est souvent évoqué, mais son
influence sur la végétation l'est beaucoup moins. Les plantes consomment du
CO2 à travers le processus de la photosynthèse. À l’aide de gaz carbonique et de rayonnement
solaire, une plante trouve l’énergie dont elle a besoin pour se développer.
Voilà maintenant plus de dix ans que l’ensemble de la communauté scientifique
s’attend à ce que le développement des végétaux soit favorisé, en raison de
l’augmentation des émissions de CO2.
Bien sûr, le processus de photosynthèse est loin d’être simple. Il dépend de
l’humidité, de l’ensoleillement, de la disponibilité en eau pour la plante et de
la température ambiante. Le rôle du CO2 dans la croissance des plantes est important, mais il peut être
contrecarré par nombre d’autres paramètres, si bien qu’il est difficile
d’évaluer clairement son influence à grande échelle. De fait, pour isoler
l’influence du dioxyde de carbone, une équipe de recherche australienne a
focalisé son analyse sur les plantes des régions arides. Dans ces zones désertiques, où la
disponibilité en eau joue un rôle primordial, la fertilisation des plantes par
le CO2 devrait être plus perceptible.
En moyenne, entre 1982 et 2010, la couverture végétale s’est densifiée de 11 %
dans les régions arides du centre de l’Australie. Plus généralement, on enregistre une augmentation
du feuillage dans toutes les zones désertiques, telles que le sud-ouest des
États-Unis, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Afrique. L’équipe de
Canberra a mis en évidence que dans le cas de l’Australie, le CO2
était le principal responsable de la stimulation végétale. Les résultats sont parus
ce mois-ci dans les Geophysical Research Letters.
Le modèle confronté à la réalité environnementale
Dans un premier temps, les scientifiques ont paramétré un modèle dans lequel les
conditions d’apport en eau et d’humidité ont été adaptées au climat
désertique qu’a connu la région ces 30 dernières années. Le modèle, qui simule
en particulier l’effet fertilisant du CO2 sur les plantes au cours de
cette période, prévoyait une augmentation de 5 à 10 % du feuillage, tandis que
la concentration du gaz augmentait de 14 % dans l’atmosphère.
Les résultats numériques ont ensuite été comparés aux images
satellite disponibles pour la période 1982-2010. L’état des plantes in situ
était suffisamment cohérent avec les prévisions du modèle pour que les
chercheurs identifient clairement le lien entre l’augmentation du CO2
et la densification de la végétation.
Vers un désert de prairies ?
À plus long terme, la hausse du CO2 dans l’atmosphère n’aura pas
comme seul effet de stimuler le développement des plantes. Elle pourrait aussi influer sur
l’évolution des plantes, en favorisant l’épanouissement de certaines espèces, plus consommatrices de CO2
que d’autres. Les végétaux à racines profondes absorbent plus de CO2
que certaines graminées par exemple. « Les arbres
réinvestissent les prairies », affirmait le principal auteur de l’étude, Randall Donohue.
Néanmoins, même si l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone stimule
effectivement la croissance des plantes, le changement climatique a bien d’autres effets. L’humidité, le
régime de précipitations et donc l’exposition au rayonnement solaire, sont
également modifiés. Il est alors probable que l’expansion actuelle de la
végétation ne soit qu’éphémère.
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