Chaplin’s World Des objets iconiques ont été acquis au dernier moment. D’autres achats et des prêts sont envisagés.
C’est le jour de l’ouverture de Chaplin’s World aux personnalités officielles qu’une canne, un chapeau et des souliers de Charlot ont été déposés dans la salle des trésors.
Le jour même de l’ouverture de Chaplin’s World aux personnalités officielles (soit deux jours avant celle au grand public), une pépite a en effet été déposée… dans la salle des trésors! Un couple d’Américains – Alice Artzt et Bruce Lawton – a vendu à la fondation du
musée une canne, un chapeau et des chaussures (le couvre-chef et les godillots étant de surcroît signés de la main du maître).
Ces objets n’appartiennent pas à Grévin, qui exploite le musée, mais à la Fondation du Musée Charlie Chaplin (FMCC) (créée en 2001 par des membres de la famille, en vue de réaliser le projet). «La fondation prête gratuitement les effets personnels de Chaplin à Chaplin’s World. Parmi ces biens, environ 60% appartiennent à la famille et environ 40% ont été acquis par la fondation», explique Michel Henry, secrétaire de la FMCC.
Entre 100'000 et 150'000 francs
«Le couple américain a accepté que la fondation paie sur trois ans la canne, le chapeau et les chaussures qu’ils ont vendus, c’est éminemment sympathique», souligne Philippe Meylan, promoteur du musée et également membre de la FMCC. Le prix? «Entre 100'000 et 150'000 francs, indique Michel Henry, ce qui n’est pas exagéré: rien qu’un chapeau ou une canne valent à eux seuls 40'000 francs.»
A Chaplin’s World se trouve exposée trois fois la «sainte Trinité» de Charlot – son ensemble chaussures-canne-chapeau (qu’il dessinait d’ailleurs comme autographe de son vivant): celle provenant donc des Américains; celle accompagnant le costume de la famille, dans l’Espace Hollywood Boulevard; et celle exposée dans la chambre de Chaplin et appartenant à Philippe Meylan.
Ce dernier avait en effet très tôt compris l’importance de ces éléments iconiques incontournables: «Au début du projet, il n’y avait plus ni canne ni chapeau dans l’environnement familial. Or, c’est un élément essentiel de l’œuvre! Je les ai donc acquis à une vente aux enchères à Londres. De plus, lorsqu’une ex-épouse d’Eugène Chaplin a vendu des meubles qui provenaient du manoir – salle à manger, lit, canapés, etc. –, la fondation a pu tout racheter à Amsterdam, grâce aux dons de Victoria Chaplin.»
La question de l’authenticité est centrale pour le succès d’un musée comme Chaplin’s World. «Les recherches en marketing du tourisme montrent qu’il ne faut pas que tous les éléments soient absolument vrais, mais qu’il suffit qu’ils soient perçus comme tels, précise Felicitas Morhart, professeur de HEC, coauteur d’une étude sur la genèse de Chaplin’s World. La statue de cire de Michael Jackson convient là où elle est disposée, car il est venu au manoir, après le décès de l’artiste. Le placer serrant la main à Chaplin avait été discuté, mais a été écarté. Une bonne chose, car cela aurait heurté cette perception d’authenticité.» (24 heures)
Magnifique film "Chaplin's World réalisé par Pierre-André Doriot